PFC Bordeaux

Les interviews ont été menées à Bordeaux et dans l’agglomération bordelaise en juin et en juillet 2015 par Shureka Nyawalo, doctorante sous la direction de Laurence Labrune (Université Bordeaux Montaigne).  Les transcriptions et les codages ont été effectués par Shureka Nyawalo.  Les données ont été vérifiées par Shureka Nyawalo, Laurence Labrune, Clara Hermand et Boris Duboc, deux étudiants en Licence en Sciences du Langage à l’Université Bordeaux Montaige.

Au total, dix-huit locuteurs ont été interviewés, tous venant de Bordeaux intramuros ou des communautés avoisinantes.  Il y a neuf femmes et neuf hommes dans cette enquête et les locuteurs sont repartis en trois tranches d’âge : les Seniors (70 ans et plus), les Moyens (entre 41 et 69 ans) et les Juniors (40 ans et moins).  La locutrice la plus jeune avait 29 ans et la locutrice la plus âgée avait 87 ans au moment des interviews.

Ces locuteurs sont repartis en cinq niveaux d’études.  Quatre locuteurs ont fait des études doctorales, trois ayant déjà obtenu un diplôme de niveau docteur.  Une locutrice était doctorante au moment de l’entretien.  Trois locuteurs ont un Bac + 3 ou + 4, deux locutrices ont fait des études universitaires (mais n’ont pas de diplôme universitaire) et sept locuteurs ont un Bac mais pas d’études universitaires, ou le niveau d’études est inconnu.  Deux locuteurs ont été apprentis.

Ces locuteurs travaillent dans une variété de domaines et il n’y a pas de secteur ou d’entreprise dominante qui les relie.  Quelques locuteurs se connaissent mais ils n’appartiennent pas tous de la même famille, communauté ou association.

En dépit du fait que la méthodologie PFC ne prend pas en compte les différences géographiques au sein des lieux d’enquête, cette étude ajoute la situation géographique pendant l’enfance des locuteurs.  Le fleuve Garonne forme une barrière naturelle et sociale à l’intérieur de la ville de Bordeaux.  Ce lieu d’enquête est donc divisé en cinq sous-régions.  Cinq locuteurs ont passé leur enfance entière à Bordeaux intramuros Rive Gauche.  Quatre locuteurs sont issus de Bordeaux agglomération Rive Gauche, ce qui comprend les villes de Pessac, le Bouscat, et Talence.  Quatre locuteurs sont de Bordeaux Rive Droite (ce qui comprend la ville de Bordeaux  ainsi que les communautés alentours de la Rive Droite).  Une locutrice a passé toute son enfance à l’intérieur de la communauté bordelaise mais dans deux villes différentes, s’étant déplacée pendant son enfance.  Quatre locuteurs ont vécu dans deux villes différentes pendant leur enfance, une ville à l’extérieur de l’agglomération bordelaise et une ville à l’intérieur de la communauté urbaine de Bordeaux.

Les interviews ont été menées selon le protocole du Projet PFC, en commençant par une conversation libre et puis en passant à une conversation guidée.  Une locutrice n’a pas fait la conversation guidée.  La prochaine partie des interviews était la lecture du texte PFC et les interviews ont terminé par une lecture de la liste de mots PFC.  Les enregistrements de deux locuteurs pour les conversations n’ont pas été étudiés en raison de la qualité auditive insatisfaisante.  Une locutrice n’a pas voulu faire la partie des lectures des deux textes.  La conversation guidée n’a pas été transcrite, codée ou analysée.  Les analyses sont alors issues de la conversation libre de seize locuteurs, la lecture du texte PFC de dix-sept personnes et la liste de mots de dix-sept locuteurs.

La situation linguistique de Bordeaux est complexe.  D’un côté, les locuteurs bordelais ont des tendances phonologiques associés au français méridional (l’adhésion à la Loi de Position pour certaines voyelles) mais de l’autre côté ils ont des tendances qu’on associe souvent au français septentrional (un taux réduit de la liaison après certaines formes du verbe être).  Les Bordelais ont donc un parler qui est à cheval entre ce que l’on observe dans les villes plus vers le sud de la France et ce qui est observé dans les villes plus vers le nord de l’Hexagone.

Les variations linguistiques notables auxquelles ont fait face actuellement est la réduction de l’usage du schwa, en particulier liée à l’âge du locuteur.  Dans la liste de mots, la lecture du texte PFC et dans la conversation libre, les locuteurs les plus jeunes emploient le schwa moins des locuteurs plus âgés et ces différences ont été confirmées comme statistiquement significatives pour cet échantillon de locuteurs.  La liaison après les formes du verbe être dans la conversation libre varie également, et l’âge surgit comme le facteur proéminant et statistiquement significatif.  Cependant, dans la liste de mots, les Seniors se servent de la rhotique [ʁ], celle associée au français parisien, plus que les locuteurs plus jeunes.