PFC Bamako

L’enquête a été menée à Bamako par Ingse Skattum et Chantal Lyche de l’Université d’Oslo en novembre et décembre 2006, avec un enregistrement supplémentaire fait à Oslo en octobre 2008. Les locuteurs étaient principalement des parents ou amis de collègues à l’Université de Bamako et les voisins ou amis de ces derniers, mais aussi des étudiants et des employés à cette université, ou encore des amis de l’une des enquêtrices.Les enregistrements se sont déroulés soit dans un bureau de l’université, soit au domicile des témoins.

Les entretiens libres sont tous enregistrés sans la présence de l’enquêteur. Quatre de ces entretiens impliquent des locuteurs qui participent aussi aux entretiens guidés (maaaw1-maazw1; maabh1-maash1; maant1-maajs1; maasd1-maatc1).

Les locuteurs ont été choisis selon 4 paramètres: sexe, âge, niveau d’études et langue première (L1).

  1. Sexe: H: 6; F: 7
  2. Age: 20-39 ans: 5; 40-59 ans: 5; 60+: 3
  3. Niveau d’études: Nous avons exclu des témoins en cours d’apprentissage du français, mais inclu des étudiants, ayant terminé l’apprentissage de base. Trois niveaux sont identifiés en fonction des diplômes obtenus: Certificat d’Etudes Primaires (CEP) = 6 ans; Diplôme d’Etudes Fondamental (DEF) = 9 ans et Bac / Bac+. Les niveaux sont standardisés (diplômes professionnels, anciens ou non sanctionnés…). La nature du réseau et la tâche de la lecture a fait que le niveau Bac/Bac+ est prédominant:

CEP : 3; DEF: 3; Bac/Bac+: 7

  1. L1: Bambara (langue majoritaire et langue véhiculaire au niveau national, groupe mandé): 4; fulfulde (principale langue minoritaire, langue véhiculaire au centre, groupe atlantique): 2; sénoufo (langue du sud-est, groupe gur) (ces trois groupes appartiennent à la famille Niger-Congo): 2; songhay (langue véhiculaire au nord, famille nilo-saharienne): 2; tamasheq (langue des Touareg, parlée au nord, famille afro-asiatique): 3.

Le rôle du français comme L2, appris presque uniquement à l’école, exige qu’une attention particulière soit fait non seulement au niveau d’études, mais aussi à la profession (indiquant l’exposition au français) et la mobilité géographique (en dehors de la région d’origine, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays).

Professions: directrice d’une ONG (1); cadre à la retraite (1), étudiant (3); planton à l’université (1); comptable (1); jardinière d’enfants (1); secrétaire médicale (1); musicienne internationale (1); couturière (1); chauffeur à la retraite (1); ménagère (1).

Tous les témoins vivent à Bamako; la plupart depuis de longues années, ce qui influe sur leur parler. Trois ont résidé en France / en Algérie, et un quatrième voyage à travers le monde. Leur français tend vers le français standard. Seuls 2 sont arrivés récemment de leur région d’origine, Gao (1 an, 6 mois). L’accent de leur L1 (songhay) est parmi les mieux perçus.

La variation diastratique est notable, notamment pour les locuteurs du niveau d’études plus élevé et ceux qui par leur profession (souvent de niveau élevé aussi) sont le plus exposés au français.

La variation selon la L1 est perceptible, notamment pour les locuteurs du nord (songhay, tamasheq).

Bien que l’entretien libre en français soit peu naturel pour les Maliens, qui normalement se parlent entre eux en langues nationales, on observe une variation diaphasique entre les entretiens guidé et libre.