PFC Dakar

La première enquête PFC au Sénégal s’est centrée sur les locuteurs wolophones de Dakar. Il est vrai qu’on ne peut prétendre rendre compte du français au Sénégal avant d’avoir étudié le français parlé par les Wolof, les Seereer, les Joola, les Pulaar et les locuteurs des langues minoritaires. Il serait tout aussi hâtif de vouloir approcher le français au Sénégal sur la base d’une douzaine de locuteurs extraits de quelques ethnies du Sénégal. Il est d’ailleurs impossible de trouver à Dakar des locuteurs francophones non « contaminés » par le wolof. Les Sénégalais qui ont le wolof comme langue première représentent presque la moitié (45%) de la population de 12 millions d’habitants et la presque totalité des Sénégalais (80%) le parle ou le comprend.

L’enquête PFC-SNA s’est déroulée à l’UCAD (Université Cheick Anta Diop) en février 2007 et novembre 2008, les enquêteurs étaient au nombre de trois, deux enseignants du laboratoire de phonétique et une extérieure[1]. Les informateurs ont été recrutés dans les connaissances et la famille de l’un des responsables. Le but scientifique de l’enquête était connu et les témoins venaient par amitié, avec le sentiment de leur participation à la vie sociale. Dix-huit témoins ont été interviewés, recrutés selon des critères d’âge, sexe, niveau d’études et profession. Les tranches d’âge ont été choisies à l’aide des données sociologiques du Sénégal : celle de 18 à 35 ans est la première tranche d’âge pour laquelle le système phonémique peut être considéré comme consolidé en même temps que celle susceptible de plus de créativité, celle de 51 ans et plus regroupe des professionnels en fin de carrière ayant appris le français au lendemain de l’Indépendance et celle de 36 à 50 ans représente le groupe intermédiaire. Les niveaux d’études ont été premièrement établis à l’aide des diplômes qui jalonnent le cursus scolaire : le CFEE (6 ans d’école), le BFEM (+ 4 ans de collège) et le Bac. Cependant, aucun des témoins de niveau CFEE n’a pu mener une conversation en français, ce qui nous a obligés à ne conserver pour l’analyse que des témoins ayant au moins le BFEM. Par ailleurs, étant donné le rapport intrinsèque entre niveau d’étude et pratique du français, il nous a paru opportun d’opérer une distinction entre les locuteurs des premières années d’université et ceux des années supérieures. En effet, juste après le bac les étudiants étudient dans une langue qui leur est encore étrangère et sont peu enclins à manier le français en dehors de l’université.

Douze locuteurs ont été finalement retenus, ce qui représente 4 heures d’entretiens formels, guidés par un enquêteur peu connu, et 3 heures d’entretiens libres, plus informels, avec l’enquêteur le plus proche. Ont été transcrits en TOS (transcription orthographique standard) et codés tous les textes lus et 5 minutes de chaque entretien.

Répartition des locuteurs de la première enquête PFC au Sénégal[2] :

  1. Sexe:

Hommes : 6   /   Femmes : 6

  1. Age:

de 21 à 35 ans : 4   /   de 36 à 50 ans : 4   /   51 ans et plus : 4.

  1. Niveau d’études:

BFEM : 3   /   Bac à Bac + 2 : 4   /   Bac + 3 et plus : 5.

  1. CSP:

étudiants : 2

employés (vigile, agent administratif, secrétaire vacataire, travailleur social) : 4

professions intermédiaires (reporter, manager, sage-femme, inspecteur de primaire) : 4

cadres supérieurs et professions intellectuelles (assureur, professeur de philosophie) : 2.

[1] L’enquête et son exploitation ont été réalisées grâce à l’aide de l’université d’Oslo et de celle de CLLE – UMR 5263, université Toulouse 2.

[2] Nous remercions les douze locuteurs qui ont bien voulu, par amitié, se prêter à ces enregistrements et nous ont permis de caractériser plus précisément le français parlé par les wolophones de Dakar.